Mise au pointVitamine D et auto-immunité. Première partie : aspects fondamentauxVitamin D and autoimmunity. First part: Fundamental aspects
Introduction
La vitamine D est classiquement associée au métabolisme phosphocalcique et osseux et est le plus souvent prescrite en médecine interne pour le traitement ou la prévention de l’ostéoporose. Depuis quelques années, une littérature de plus en plus abondante illustre, d’une part, le caractère pandémique de l’insuffisance en vitamine D, et d’autre part, son implication bien plus large dans la physiologie humaine, en particulier ses effets immunomodulateurs.
Les maladies auto-immunes (MAI) représentent la troisième cause de morbi-mortalité dans les pays industrialisés, derrière le cancer et les maladies cardiovasculaires [1]. La survenue des MAI résulterait de l’interaction entre des facteurs environnementaux et des traits génétiques de susceptibilité, qui pris isolément ne sont ni nécessaires ni suffisants pour induire une MAI.
Les objectifs de cette mise au point sont de rappeler les données fondamentales sur la physiologie de la vitamine D et surtout de présenter ses actions sur le système immunitaire, en les mettant en perspective avec la physiopathologie des MAI.
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Physiologie de la vitamine D
Le terme « vitamine D » inclut la vitamine D2 ou ergocalciférol, d’origine végétale et la vitamine D3 ou cholécalciférol, d’origine animale, qui sont des sécostéroïdes. La principale source de vitamine D est l’exposition aux ultraviolets B qui entraînent au niveau de l’épiderme la conversion du 7-déhydrocholestérol en pré-vitamine D3, rapidement convertie en vitamine D3 native. Les autres sources sont l’alimentation et la supplémentation. Le terme « vitamine » est imparfait, car les apports
Définitions
Lorsque le taux sérique de 25(OH)D est supérieur à 30 ng/mL (75 nmol/L), les réserves sont dites « suffisantes » et le statut vitaminique D peut être qualifié d’« optimal ». À l’inverse, le terme de statut vitaminique D « suboptimal » est souvent utilisé lorsqu’il est inférieur à 30 ng/mL. Cette valeur de 30 ng/mL est en effet considérée comme le seuil en deçà duquel apparaît une hyperparathyroïdie secondaire à l’hypovitaminose D, impliquant un remodelage osseux accéléré et une diminution de la
Prévalence de l’insuffisance en vitamine D
Un grand nombre d’études menées sur tous les continents soulignent la prévalence élevée de l’hypovitaminose D [9]. Un taux de 25(OH)D moyen de 21,6 ng/mL a été trouvé dans une méta-analyse reprenant 394 études portant sur le statut vitaminique D de sujets sains [10]. Contrairement aux idées reçues, toutes les classes d’âge sont concernées même si les personnes âgées sont souvent les touchées [3]. Aucun pays n’est épargné car les pratiques culturelles ou religieuses sont souvent à l’origine de
Vitamine D et système immunitaire
Les cellules dendritiques et les monocytes-macrophages expriment le VDR à l’état basal, les lymphocytes T et B essentiellement à l’état activé [12]. Les macrophages et certaines cellules dendritiques possèdent l’équipement enzymatique nécessaire aux deux étapes d’hydroxylation de la vitamine D native, alors que les lymphocytes T activés et les lymphocytes B n’expriment que la 1α-hydroxylase [12] (Fig. 1). À la différence de 1’enzyme rénale, la 1α-hydroxylase exprimée par les cellules du système
Conclusion
Outre ses effets bien connus sur le métabolisme phosphocalcique, la vitamine D influence à des points clés le fonctionnement du système immunitaire. Son action sur les cellules dendritiques myéloïdes et sur les lymphocytes T, en favorisant la différenciation de lymphocytes T régulateurs, apparaît centrale pour le maintien de la tolérance au soi. Ces effets immunomodulateurs suggèrent que la vitamine D pourrait jouer un rôle protecteur vis-à-vis des MAI et pourrait avoir un intérêt thérapeutique
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.
Références (42)
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